Vous avez un handicap invisible? L'Agence du Revenu du Canada veut vous faciliter la vie!
Socialement, quand on pense à une personne handicapée, on pense souvent à quelqu’un qui se déplace en fauteuil roulant ou avec une canne blanche. Du moins, à une personne qui vit avec déficience qui est évidente, visible. Or, pour le gouvernement du Canada, qui propose une multitude de mesures pour compenser financièrement les conséquences d’un problème de santé grave et qui perdure plus que 12 mois, les critères d’admissibilité semblent s’élargir tranquillement mais sûrement.
C’est, selon nous, une des causes qui expliquerait le retard qu’accusent les contribuables québécois à réclamer le Crédit d’impôts pour personne handicapée (CIPH). Rappelons-le, ce crédit représente la porte d’accès qui donne droit à plusieurs mesures comme l’Allocation pour enfant handicapé, le montant pour aidant naturel, le REEI et une douzaine d’autres. Que la personne handicapée paie de l’impôt ou non, la demande en vaut la chandelle.
Ce sont des centaines de millions qui sont réservés pour les Québécois en situation de handicap et qui retournent dans les coffres de l’état à chaque année!
En effet, il y aurait, en proportion de la population, environ deux fois moins de Québécois qui seraient fiscalement reconnus handicapés par Revenu Canada que dans les autres provinces, en moyenne. En absolu, c’est environ 143 000 personnes qui seraient admissibles et qui n’auraient pas fait la demande via le formulaire T2201 ou la nouvelle application en ligne!
Ce retard est plus important pour certains segments de la population : les personnes aînées, atteintes d’un trouble du spectre de l’autisme, de difficultés graves d’apprentissage, de problèmes de santé mentale ou de diabète de type 1. Car très rares sont les professionnels de la santé qui vont, d’emblée, avoir le réflexe d’évaluer l’admissibilité de leur patient. Il faut donc se faire confiance et, soi-même, demander à son professionnel de la santé de remplir le formulaire qui atteste de son handicap ou de celui de son enfant.
L’admissibilité au CIPH n’est pas fondée uniquement sur le diagnostic médical. Elle est fondée sur la déficience résultant d’une condition et sur les effets de cette déficience sur le patient. L’admissibilité n’est toutefois pas fondée sur la capacité du patient à travailler, à effectuer des tâches ménagères ou à participer à des activités de loisirs.
Il est important de passer le mot. Depuis quelques temps, le gouvernement, dans son formulaire T2201, a précisé plusieurs questions qui ont trait aux fonctions mentales nécessaires aux activités de la vie courante. Ainsi, le travail du professionnel de la santé sera facilité car il devra juger l’atteinte de son patient dans un ensemble de situations, comme :
- Accomplir des tâches quotidiennes nécessaires;
- Effectuer des activités d’hygiène de base ou de soins personnels;
- Effectuer des transactions simples et courantes;
- Exprimer ses besoins fondamentaux;
- S’adapter au changement;
- Sortir dans la communauté;
- Démontrer un contrôle élémentaire des impulsions;
- Démontrer une conscience du danger et des risques pour sa sécurité;
- Absorber et extraire de l’information à court terme;
- Se concentrer sur une tâche simple, peu importe la durée;
- Faire des plans quotidiens simples et les réaliser;
- Se diriger lui-même pour commencer les tâches quotidiennes;
- Choisir des vêtements appropriés à la température;
- Comprendre les conséquences de ses actions et décisions;
- Prendre ses propres décisions au sujet des traitements et du bien-être;
- Reconnaître le risque d’être exploité par les autres;
- Se souvenir de renseignements personnels de base (date de naissance, adresse);
- Se souvenir d’instructions simples;
- Se souvenir d’objets qui lui sont importants ou pour lesquels il a un intérêt;
- Démontrer une compréhension exacte de la réalité;
- Distinguer la réalité des délires et des hallucinations;
- Cerner les problèmes quotidiens;
- Mettre en oeuvre des solutions à des problèmes simples;
- Démontrer des réactions émotionnelles appropriées à la situation;
- Réguler l’humeur pour prévenir le risque de préjudice à soi-même ou aux autres;
- Se comporter de façon appropriée à la situation;
- Compréhension verbale et non verbale;
- Comprendre l’information ou les signaux non verbaux et y répondre;
- Comprendre l’information verbale et y répondre.
Tel que le suggère la Loi sur le Canada accessible, le fédéral fait des pas pour passer d’un modèle médical du handicap vers un modèle davantage social. À titre de personne en situation de handicap siégeant sur le comité consultatif des personnes handicapées de l’Agence du Revenu du Canada, je l’encourage à poursuivre dans la même veine en permettant, notamment, aux travailleurs et travailleuses sociales inscrites à l’Ordre de pouvoir signer le formulaire T2201 qui donne droit au panier de mesures destinées aux personnes en situation de handicap.
Article rédigé par Finandicap.