Entre protection et surprotection : Comment concilier autodétermination et prise de risque?


La gestion du risque est un enjeu qui touche toute personne qui gravite dans l’environnement de la personne en situation de handicap. Il n’y a pas de recette miracle pour classer ce qui est de la protection ou de la surprotection, mais les informations qui suivent vous permettront de vous situer au travers de ces thèmes.

 Protéger c'estSurprotéger c'est
PossibilitésÉlargir le champ des possiblesLimiter le champ des possibles
CompétencesPermettre le développement de ses compétencesEmpêcher une personne de développer ses compétences
BesoinsTrouver réponse à ses besoins pour se sentir rassuré à explorer de nouveaux horizonsAmoindrir ou ignorer ses besoins en laissant place à un sentiment d'oppression
InitiativeEncourager la prise d'initiativesEmpêcher la prise d'initiative et son champ d'action
Estime de soiDévelopper l'estime de soiImpacter négativement l'estime de soi

 

Protéger se rapporte donc à de l’encadrement (où la personne a un espace pour s’épanouir) alors que surprotéger est dans le contrôle (où la personne se moule à ce que l’on veut d’elle). 

Danger vs risque

Un risque représente un évènement qui est plus ou moins prévisible et qui pourrait possiblement nous causer quelques dommages. Nous en prenons au quotidien et parfois, sans même s’en rendre compte (p. ex., essayer une nouvelle recette). Le risque est différent du danger, puisque ce dernier va venir menacer la sécurité de la personne. Ainsi, prendre des risques ne doit pas nous placer dans une situation précaire ou dangereuse.

Qu’est-ce que l’autodétermination et en quoi cela rejoint la prise de risque?

L’autodétermination c’est d’exercer du pouvoir et du contrôle sur des dimensions importantes de sa vie (Abery et Stancliffe, 2003). Lorsqu’une personne veut prendre ses propres décisions (et ainsi, être davantage autodéterminé), cela vient avec un niveau de risques (p. ex., regretter sa décision). S’autodéterminer, c’est donc prendre des risques!

Tolérance aux risques

Chaque personne a une tolérance qui est différente au risque. Certains ont ainsi une grande tolérance et gèrent bien l’inconnu, alors que d’autres se sentent rapidement déstabilisés par la nouveauté. Cette faible tolérance au risque peut mener à la surprotection, qui comporte également des risques, malgré toute la bienveillance derrière cette action. Il est donc important de prendre conscience des quatre types de risque que l’on peut rencontrer face à une situation.

  1. Le risque perçu
    • Face à un risque, vous aurez d’abord une réaction de recul face à la situation. Le risque perçu est subjectif et est construit autour des perceptions. Si vous restez à cette étape, la prise d’initiative est souvent découragée. Le piège ici est de tomber dans l’affrontement avec une autre personne n’ayant pas la même perception que vous et d’essayer de la convaincre que vous avez raison.
  2. Le risque réel
    • Durant cette étape, tentez de rendre la situation objective. Il est important de se rappeler que le risque zéro n’existe pas et que chacun a une perception du risque qui peut être différente. Pour y parvenir, vous pouvez vous poser trois questions : 1) Quelle est la probabilité que ce risque s’avère? ; 2) Est-ce que ce risque a des conséquences graves? ; 3) Qui pourrait subir ces conséquences?
  3. Le risque acceptable
    • Après avoir rendu la situation objective, demandez-vous comment vous pouvez vous assurer que la personne soit en sécurité, mais qu’elle ait tout de même le potentiel de se développer. Pour illustrer cette étape, imaginez que vous voudriez aider une personne à devenir plus autonome dans ses déplacements. Pour cela, vous pouvez agir à deux niveaux :
      1. Soutenir la personne dans le développement de ses capacités
        1. Vous assurer qu’elle comprenne bien le transport en commun; 
        2. L’aider à avoir des moyens pour communiquer en cas de besoin.
      2. Adapter l’environnement
        1. Avertir le chauffeur d’autobus si cela est son premier voyage seule; 
        2. Vous assurer qu’elle ait accès à des repères visuels clairs.
    • N’hésitez pas à être créatif dans votre manière d’intervenir. De plus, allez-y étape par étape. En prenant de plus petits risques, la personne concernée se sentira plus à l’aise et rassurée, et ainsi, elle se sentira davantage prête à affronter de plus grands risques.
  4. Le risque partagé
    • La dernière étape est de partager le risque, que ce soit entre intervenant, entre les membres de la famille ou avec la personne concernée. Si le risque se concrétise, convenir ensemble du risque permet de partager la responsabilité, d’éviter les reproches et de se tourner vers des solutions.

Source: 

  • Abery, B. H., & Stancliffe, R. J. (2003). An ecological theory of self-determination: Theoretical foundations. In M. L. Wehmeyer, B. H. Abery, D. E. Mithaug & R. J. Stancliffe (Eds.), Theory in self-determination: Foundations for educational practice (pp. 25-42). Springfield: Thomas.

Vous pouvez aussi cliquer ici pour visionner la conférence de L'accompagnateur sur Comment concilier autodétermination et prise de risque.

Article rédigé par la Chaire Autodétermination et Handicap.