L’autodétermination de mon enfant autiste ou ayant une déficience intellectuelle


Clés pour l’autodétermination

L’autodétermination, c’est « exercer le contrôle que l’on souhaite exercer sur les dimensions importantes de sa vie » (Abery et Stancliffe, 2005). Voici 10 éléments centraux pour stimuler l’autodétermination chez son enfant autiste ou ayant une déficience intellectuelle.

  1. Comprendre ce qu’est l’autodétermination

    Plusieurs idées erronées sont associées à l’autodétermination, telles que : « Mon enfant peut donc faire ce qu’il veut, quand il veut, comme il veut » ou « Je dois tout revoir mes façons de faire ». Dans l’autodétermination, il n’est pas question de délaisser votre enfant ni de tout contrôler : l’autodétermination c’est d’offrir un encadrement adéquat. Imaginez que vous demandiez à un peintre de vous faire une toile. L’encadrer serait de lui dire quelle grandeur de tableau vous aimeriez avoir, tout en laissant le peintre décider ce qu’il va y peindre. Le contrôler serait de lui tenir la main et de faire la toile avec lui.

  2. Reconnaitre le potentiel d’autodétermination de tous… et ces manifestations propres à chacun

    Chaque être humain ressent le besoin d’être autodéterminé. Ce besoin peut être exprimé verbalement ou non. Lorsque votre enfant présente des comportements plus problématiques, arrêtez-vous. Ces manifestations, importantes à décoder, pourraient être une forme d’autodétermination.

  3. Concevoir l’autodétermination comme un apprentissage

    On ne nait pas autodéterminé : on l’apprend tout au long de la vie. Plusieurs stratégies peuvent stimuler cet apprentissage.

StratégiesExplications
Avoir la possibilité de se tromper et tirer des leçons de ses expériencesQuand une personne a la possibilité de se tromper, elle a également la possibilité de comprendre ce qui s’est passé.
Tenter de résoudre des problèmes par soi-mêmeLorsque votre enfant fait face à un problème, il est important de lui poser les questions qui vont le mener à la réponse plutôt que de lui donner la réponse directement.
Célébrer ses réussitesIl est bénéfique de célébrer les réussites, mais aussi de miser sur ses forces et sur le fait qu’il fait des choix : « Bravo, je vois à quel point tu as mis beaucoup d’efforts et que tu as persévéré ». 

 

  1. Encourager les prises d’initiative

    Le but est que la personne soit en position active face à son quotidien.

  • Reconnaissez l’initiative ;
  • Laissez-lui le temps nécessaire pour prendre une initiative et à sa façon ;
  • Renforcez des comportements où votre enfant s’affirme.

Il est rare qu’il n’y ait qu’une seule manière de faire les choses. Ainsi, même si ces prises d’initiative sont faites de façon maladroite et que ce n’est pas l’action la plus rapide ou la plus efficace, c’est celle que votre enfant a choisie. Après coup, vous pouvez vous permettre de lui donner quelques trucs pour s’améliorer la prochaine fois.

  1. Apprendre à faire des choix

    Il importe que votre enfant sache qu’il peut faire des choix et que ces derniers sont légitimes.

  • Encouragez les choix, mais respectez-les aussi ;
  • Tentez de comprendre pourquoi il a fait ce choix (p. ex., en fonction de ce qu’il aime vraiment, en fonction de ce qu’il pense que vous voulez) ;
  • Limitez les choix au départ et augmentez progressivement lorsqu’il sera plus à l’aise de faire des choix.
  1. Apprendre à faire face à l’inattendu

    Pratiquer votre enfant à faire face à l’inattendu lui permettra d’avoir l’occasion de résoudre des problèmes, d’éviter la rigidité et de stimuler la prise d’initiative. Pour cela :

  • Vous pouvez, par exemple, changer un élément de son quotidien pour lui donner la chance de faire face à l’inattendu ;
  • Laissez-lui le temps nécessaire de penser aux solutions ;
  • Retenez qu’il n’y a pas qu’une seule bonne façon de réagir.
  1. Se fixer des buts et les atteindre

    Se fixer des buts permet à votre enfant d’apprendre à se connaitre et à s’organiser. Il est alors question d’autorégulation : votre enfant s’ajuste en fonction de ce qu’il voit dans son environnement. Cela peut être fait au travers de projets à plus petite échelle pour commencer comme par exemple lui demander ce qu’il aimerait faire lors de la prochaine journée pédagogique. 

  • Demandez-lui ce qu’il aimerait faire et comment il peut se préparer pour cette activité ;
  • Soutenez votre enfant et ne tentez de ne pas le faire à sa place ;
  • Attirez son attention sur des éléments importants plutôt que de lui prescrire comment faire les choses.
  1. Gérer les risques1 

    Le risque zéro n’existe pas et nous sommes tous soumis quotidiennement à des risques. Le risque fait donc partie de la vie. Pour gérer les risques dans la vie de votre enfant, vous pourriez adopter une posture de protection ou de surprotection. Retenez toutefois que lorsque vous protégez votre enfant, vous évitez qu’il soit vulnérable alors que quand vous le surprotégez, vous créez de la vulnérabilité pour plus tard. Quatre types de risque peuvent être rencontrés, soit : 1) le risque perçu, 2) le risque réel, 3) le risque acceptable et 4) le risque partagé.

  2. Communiquer en favorisant l’autodétermination

    Dans votre façon de communiquer, certains pièges sont à éviter pour stimuler l’autodétermination de votre enfant. D’abord, soyez vigilant aux phrases toutes puissantes, où vous êtes celui qui sait alors que votre enfant est dans la position de celui qui ne sait pas. Posez-lui alors des questions pour stimuler sa réflexion plutôt que de lui donner directement les réponses. Finalement, nommez le rationnel derrière vos demandes, puisque même si votre raison est évidente pour vous, elle ne l’est peut-être pas pour lui.

  3. Dialoguer en famille autour de l’autodétermination

    En parlant d’autodétermination avec les autres membres de la famille, vous pourrez avoir une compréhension commune du concept et de son actualisation au quotidien. Ces discussions peuvent toucher, par exemple, les neuf clés précédemment expliquées.

Source :

  • Abery, B. H., & Stancliffe, R. J. (2003). An ecological theory of self-determination: Theoretical foundations. In M. L. Wehmeyer, B. H. Abery, D. E. Mithaug & R. J. Stancliffe (Eds.), Theory in self-determination: Foundations for educational practice (pp. 25-42). Springfield: Thomas.

Article rédigé par la Chaire Autodétermination et Handicap.