Portrait des ressources résidentielles pour les personnes handicapées à travers le Québec
Il y a un intérêt grandissant entourant les modèles d’habitat pour les personnes en situation de handicap. Nous vous présentons le portrait global de ces modèles1.
Méthode
Plusieurs régions administratives ont des modèles résidentiels pour les personnes en situation de handicap, mais huit régions ont été sélectionnées pour ce projet de recherche (voir ci-dessous). Ces régions totalisent 34 modèles. Les informations recueillies proviennent de sources diverses sur Internet ou ont été obtenues grâce à des entrevues réalisées avec 13 responsables d’organismes.
Résultats
Répartition géographique
Chaudière-Appalaches est la région ayant hébergé le premier modèle résidentiel de ce genre, soit L’arche le printemps, qui a vu le jour en 1974.
Régions | Nombre de modèles résidentiels |
Bas-Saint-Laurent | 1 |
Centre-du-Québec | 6 |
Chaudière-Appalaches | 4 |
Estrie | 5 |
Lanaudière | 6 |
Laurentides | 3 |
Mauricie | 7 |
Saguenay-Lac-Saint-Jean | 2 |
Certains des modèles répertoriés se trouvent en centre urbain (23%), en zone semi-urbaine (56%) ou en zone rurale (21%) et chacune de ces zones a des défis particuliers à tenir compte (p. ex, difficulté d’accès au transport en région rurale).
De plus, entre la mise en place du projet et la construction, des délais de 3 ans à 10 ans sont à envisager. Plusieurs obstacles sont rencontrés lors de la mise en place de ces modèles d’habitat, mais les trois plus fréquents sont : 1) la difficulté d’obtenir du financement ; 2) l’accès aux informations nécessaires pour réaliser la construction en elle-même ; et 3) la difficulté de trouver un terrain.
Capacité des modèles
Les modèles peuvent accueillir entre 8 et 97 personnes. Les plus grandes capacités se situent principalement en centre urbain et ces modèles sont souvent dans des contextes de mixité sociale, où une portion de logement seulement est dédiée aux personnes en situation de handicap.
Caractéristiques des logements
Grandeur d’appartement et coût
Les logements offerts diffèrent d’un endroit à l’autre. La plupart des locataires ont accès au programme AccèsLogi et le coût déboursé par la personne se situe entre 300$ et 870$ par mois pour un studio, un 3 et demi ou un 4 et demi.
Soutien offert
Plusieurs acteurs sont sur place, tels qu’un éducateur spécialisé, un intervenant, un préposé aux bénéficiaires et/ou un technicien en travail social, pour assurer un fonctionnement optimal ainsi qu’un soutien aux activités de la vie quotidienne (AVQ) et aux activités de la vie domestique (AVD). Dans certains modèles, une personne qui n’est pas en situation de handicap peut être également locataire-résident et offrir du soutien aux autres locataires.
Organismes incitateurs
La majorité des modèles répertoriés, souvent associés à un modèle privé, ont vu le jour grâce à des initiatives de groupe de parents (20%), de groupes de personnes en situation de handicap (18%) ou d’une initiative individuelle (18%).
Durée de l’hébergement
De façon générale, les locataires sont dans les modèles résidentiels pour du long terme ou pour une durée indéterminée. Un départ est souvent signe d’un besoin grandissant au niveau du soutien.
Implication des familles et des résidents
Lorsque l’information est connue, il en ressort que les familles s’impliquent souvent sur le conseil d’administration, en soutien direct à leur proche ou comme bénévole. Les résidents s’impliquent souvent sur le comité de locataires.
Interaction des résidents avec la communauté
L’interaction entre les résidents et la communauté passe beaucoup par des activités de loisirs, le travail, le bénévolat, l’accès aux services offerts par la communauté et par la proximité avec les membres de la communauté. Cette interaction facilite l’intégration et le sentiment d’appartenance.
Besoins à l’origine des modèles
Les modèles résidentiels ont été construits principalement en raison du manque de service adapté et du vieillissement des parents.
Modalité d’intervention
Des technologies courantes comme les téléphones cellulaires sont utilisées pour aider à l’autonomie résidentielle des locataires. De plus, des outils d’évaluation, du soutien visuel, des plans d’intervention, un plan de service individualité et une routine sont d’usage courant dans les modèles résidentiels.
Clientèle desservie et critères d’admissibilité
Les modèles ont certains critères pour la sélection des locataires. Ils peuvent alors se baser sur :
- Le diagnostic (p. ex., déficience intellectuelle [DI]) ;
- Le revenu ;
- Le niveau d’autonomie ;
- L’âge ;
- Le niveau de soins requis.
Certains ont également des critères d’exclusion, comme un locataire non volontaire ou ceux ayant des troubles graves du comportement.
Partenaires et sources de financement
La majorité des modèles ont entre un et deux partenaires. Le partenaire le plus souvent rapporté est le centre intégré [universitaire] de santé et de services sociaux de leur région (CISSS et CIUSSS). Or, d’autres partenaires ont également été sollicités, tels des organismes communautaires, des milieux scolaires, les villes d’accueil et des fondations. Ces partenaires supportent les modèles par une entente de service ou par un apport financier. D’ailleurs, les principalement sources de financement proviennent de :
- La Société d'habitation du Québec (SHQ) ;
- La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) ;
- La ville d’attache ;
- Leur CISSS/CIUSSS ;
- Une fondation.
Les partenariats prennent forme sous plusieurs modalités, dont :
- Le programme d’accès au logement ;
- Les crédits de taxe ;
- Des dons (en argent, terrains) ;
- Des offrent de service et d’employés ;
- Des campagnes de financement ;
- Des subventions.
Conclusion
Somme toute, il existe des inégalités significatives dans les services offerts dans les différentes régions du Québec et les parents sont des investigateurs importants de ces derniers. Il importe toutefois de retenir qu’un modèle ne répond pas à toutes les personnes ayant une DI ou un TSA. Une plus grande diversité d’options résidentielles répondrait à un plus grand éventail de besoins.
1À noter : ce projet de recherche a été réalisé en 2021. Il se peut donc que ce portrait ait changé au moment de cette lecture.
Article rédigé par la Chaire Autodétermination et Handicap.